Pour une raison qui nous échappe, il arrive parfois que la connexion avec son enfant ne se fasse pas. Le sentiment de ne pas être à sa place entraîne alors un profond mal-être, souvent difficile à apaiser. Pourquoi ne suis-je pas plus proche de mon enfant ? Comment se rapprocher de lui et établir un réel lien ?
Mon enfant préfère son père…
Dès son plus jeune âge, alors que vous l’avez porté pendant neuf mois avant de lui donner naissance, vous avez ressenti une réelle connexion de votre enfant avec son papa. Votre tout-petit n’a d’yeux que pour lui, il pleure dès qu’il quitte une pièce et lui adresse ses plus jolis sourires. Cette attirance est souvent d’autant plus frappante lorsque bébé grandit.
Ne paniquez pas et surtout, n’imaginez pas une seule seconde que vous êtes une mauvaise mère. Ce lien privilégié qu’il tisse avec son père n’a rien d’anormal et est fréquent pour de nombreux enfants. Vers l’âge de 2 ans, il traverse la période œdipienne et ressent le besoin d’une relation exclusive. De plus, à cet âge, bébé aime s’affirmer et avoir le pouvoir de décider.
S’il semble vous rejeter, cela peut être aussi parce qu’il a plus d’intérêts communs avec son papa. Les hommes sont beaucoup plus présents aujourd’hui dans l’éducation de leurs enfants, et si votre conjoint l’éduque de façon un peu moins sévère que vous, votre enfant sera spontanément attiré par lui. Parlez de vos craintes et de vos doutes avec le papa. Il est inutile de lui en vouloir et de créer des tensions entre vous deux. Mettez-vous d’accord pour faire équipe dans l’éducation de votre enfant, surtout si vous êtes séparés et que, par exemple, vous pratiquez une garde alternée.
Passez également du bon temps avec votre tout-petit pour nourrir votre relation. S’il vous boude, dites-lui à quel point vous l’aimez, mais ne le forcez pas à vous faire un câlin. Faites des activités ensemble, jouez, cuisinez ou encore jardinez pour renforcer le lien qui vous unit. Rassurez-vous, avec le temps, il n’y a aucune raison pour que la situation ne s’améliore pas. Votre enfant vous aime et ne vous veut pas de mal. Il a juste parfois besoin de maîtriser son environnement et il peut le faire maladroitement.
Je n’ai pas l’instinct maternel…
Vous lui avez donné la vie et pourtant il est comme un étranger pour vous. Vous vous en occupez parfaitement bien, vous l’allaitez peut-être même, mais le lien ne se crée pas. C’est le vide. La difficulté à être mère amène à se poser une question inévitable : ai-je l’instinct maternel ? Sachez que pour de nombreux spécialistes, pédopsychiatres et psychanalystes, ce lien n’existe pas, tout simplement parce qu’il n’est pas inné et se construit, ou non, au fil des années. La rencontre affective avec son enfant n’est donc pas une évidence et peut se tisser progressivement.
Comment vivre une relation "normale" avec son enfant lorsque l’instinct maternel n’est pas au rendez-vous ? La peur d’être montrée du doigt et d’être jugée se greffe alors aux angoisses avec lesquelles la jeune mère se bat déjà. Or, ce détachement affectif qu’elle ressent envers son enfant peut être lié à de multiples raisons : baby blues et dépression post-partum engendrés par la naissance, grossesse accidentelle, déstabilisation face au nouveau statut de maman, craintes de ne pas être à la hauteur, d’être dépassée devant l’ampleur des tâches quotidiennes à accomplir, etc.
Mais, généralement, cet état ne dure que quelques jours, tout au plus quelques semaines, pour laisser place à une relation sereine où l’amour maternel reprend pleinement sa place. Néanmoins, si ce n’est pas le cas, il est essentiel que la jeune maman ne s’enferme pas dans un sentiment de culpabilité et de honte. Elle doit se confier et briser ce tabou. Le silence ne ferait qu’aggraver la situation et, à long terme, l’enfant pourrait souffrir de carences affectives.
Dans certains cas plus rares, il arrive que le lien mère-enfant ne s’établisse que très tardivement, voire pas du tout. Cela peut être le cas pour des femmes prisonnières d’un passé trop douloureux qu’elles n’arrivent pas à surmonter. Elles sont en grande souffrance psychologique et la reportent sur leur enfant. Mais, en se faisant aider, certaines arrivent à comprendre ce qui les renvoie à leurs troubles. Elles reprennent alors confiance en elles et la relation avec leur enfant peut se mettre en place naturellement.
NB : Cet article ne se substitue en aucun cas à une consultation médicale ou aux conseils d’un professionnel de santé.